Lettre ouverte aux participants à la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère Terre¶
Suite à l’échec total de la COP 15 (15ème Conférence des Parties) et des négociations climatiques qui l’ont précédée, il est clair que les gouvernements mondiaux, les organisations intergouvernementales et les firmes multinationales qui s’assoient à leur table, ne sont pas capables de prendre les mesures nécessaires afin d’éviter la poursuite du changement climatique et les ravages qu’il entraîne. Le sommet de Copenhague était leur « dernière chance » – et ils ont échoué. Au contraire, ils ont traité notre futur à tou-te-s comme une nouvelle série de négociations commerciales. C’est pourquoi il appartient désormais aux peuples du monde de reprendre le contrôle sur les prises de décisions et de commencer à mettre en place les changements dont nous avons un besoin urgent. En tant qu’activistes de la justice climatique basé-e-s en Europe, nous accueillons la Conférence des Peuples comme une étape importante en direction d’une société post-capitaliste et sommes heureu-ses-x de cette occasion de discuter, d’apprendre et de nous organiser avec d’autres activistes de la justice climatique du monde entier.
Nos vies quotidiennes sont de plus en plus colonisées par le capitalisme, depuis la terre que nous utilisons et l’abri dont nous avons besoin jusqu’à l’eau que nous buvons et la nourriture que nous mangeons – dans certaines parties du monde, notre rire lui-même a été transformé en une marchandise. Nous sommes forcé-e-s de prendre des décisions basées sur la logique du profit. Après la famine, la guerre et l’oppression, en passant par le travail ennuyeux et dégradant, la crise climatique n’est que le dernier symptôme en date de ce système insensé de croissance économique infinie sur une planète aux ressources limitées. Comme à l’accoutumée, c’est sur les individu-e-s qui en sont le moins responsables que les impacts de cette crise seront répercutés avec le plus de force.
Pendant ce temps, de prétendues “solutions” au changement climatique ne font qu’étendre toujours plus la mainmise du monde des affaires, des financiers, des pollueurs, en transformant l’atmosphère elle-même en un produit marchand. Il est clair que le marché du carbone, le mécanisme de développement propre (MDP), et le programme de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation forestière (REDD) ne résolvent pas le problème mais dépossèdent les populations de leurs terres et moyens de subsistance, en permettant dans le même temps aux multinationales de faire du profit et d’éviter tout réel changement de leurs pratiques néfastes. Nous rejetons les ONG qui soutiennent cette folie tout en prétendant parler « au nom de la société civile ». Ces organisations ne nous représentent pas et ne font pas partie de la solution. Elles existent pour fournir des conseils en matière de développement d’un capitalisme « vert » ; nous ne sommes pas dupes de cette arnaque !
Nous avons la conviction que seul-e-s celles et ceux qui s’engagent à vivre et apprendre de vraies solutions provenant de la base peuvent faire face aux défis du changement climatique et effectuer les changements dont nous avons désormais un besoin urgent. Ensemble nous devons poser les questions et apprendre de nos réponses. Aucune entreprise ne peut investir dans le futur dont nous voulons faire partie, aucun gouvernement ne peut réaliser ces changements à notre place. Il est temps pour nous de subvenir à nos besoins, de trouver de nouvelles façons de nouer des relations entre nous et avec le monde qui nous entoure, et d’avoir la possibilité de vivre sans craindre la persécution. Pour arrêter la marche du chaos climatique, nous, mouvements et populations, devons reprendre le contrôle sur nos propres vies.
Les riches et les puissant-e-s, basé-e-s géographiquement au Nord en majorité, sont tributaires de l’héritage de siècles d’exploitation des travailleu-ses-rs et des ressources naturelles, et d’un système odieux de racisme et d’exclusion. Nous constatons que les armées nationales et la police existent en premier lieu pour préserver cet ordre actuel. À l’opposé de cela, nous avons pour objectif de travailler selon des principes de solidarité, d’autonomie, de coopération et d’action directe. Nous travaillons en vue de changer radicalement notre relation à la nourriture et à l’énergie que nous produisons et consommons, et de laisser les combustibles fossiles sous terre. Nous croyons à la liberté de mouvement des personnes et des idées – pas à celle des capitaux.
Nous sommes venus ici pour écouter, discuter et apprendre, afin qu’ensemble nous puissions déterminer comment ces principes peuvent être étendus à toutes les sphères de la vie. En tant qu’individu-e-s vivant en Europe, impliqué-e-s dans des mouvements sociaux d’une dimension réduite mais croissante, nous voulons approfondir la conversation et le dialogue avec la riche variété d’expériences présentes ici à Cochabamba. Après cela, nous rapporterons ces idées là où nous vivons, pour les partager, pour poursuivre les processus d’apprentissage de façon locale et enfin pour construire des liens entre les mouvements à travers le monde. Nous avons été inspiré-e-s par ce qui a été accompli au sein de différentes luttes mondiales. En même temps, nous savons que nous devons constamment questionner les directions que nous prenons. C’est pour ces raisons que nous aimerions discuter avec vous des questions suivantes :
- Pensez-vous que la CCNUCC (Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique) et le processus de la COP peuvent être utilisés de façon efficace pour mettre en place la justice climatique ? Si oui, comment ?
- La justice climatique est-elle possible sans dépasser les relations capitalistes ?
- Quels sont les dangers et les possibilités qui peuvent naître de la coopération des mouvements sociaux avec les gouvernements et l’état ?
- Que signifie le concept de solidarité, et comment pouvons nous travailler ensemble de façon plus efficace afin de construire la lutte transnationale pour la justice climatique ? Quel est votre point de vue sur les notions de « pays du Sud » et « pays du Nord » et leurs relations à la lutte ?
Salutations solidaires,
Le rassemblement de février de Climate Justice Action, (CJA, Action pour la justice climatique), à Amsterdam.
- Un groupe d’activistes de la justice climatique basé-e-s en Europe organise un atelier à Cochabamba intitulé « Construire des ponts entre les continents pour relier les mouvements populaires pour la justice climatique », (voir le programme pour l’horaire et le lieu.) Nous vous invitons à venir discuter de ces questions avec nous.
- Email : buildingclimatejustice@googlemail.com
- CJA est un réseau qui s’est formé pour la mobilisation autour la COP 15 à Copenhague. CJA a récemment publié un document de discussion intitulé “Que signifie la justice climatique en Europe ?”, disponible sur climate-justice-action.org
C’est une traduction de quel document ? Pouvez-vous préciser la source ? |
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Hello, |
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(je m’apprête à traduire dès que possible le document auquel il est fait référence en bas du texte, “Que signifie la justice climatique en Europe ?” ; ces deux documents, si diffusés, sont bien à diffuser ensemble car les questions font souvent référence à la notion de justice climatique qui est une notion large, et le second document a pour objectif d’expliciter le point de vue de CJA sur ce que c’est). |
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OK, je mets le lien pour le document What does climate justice mean in Europe? mis sur crabgrass |
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Pouvez-vous partager la page avec les réseaux CAC2010 et rezo-cac ? Voire même la rtendre publique si elle est définitive. On pourra alors la mettre en ligne sur le site web. |
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oui c’est prêt, on peut la mettre en ligne sur campclimat.org, dans la même rubrique si possible que l’appel à la conférence, que je viens de transmettre au groupe internet. |
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